42 % des cadres français ont recours à l’IA au travail1. Et s’ils sont nombreux à considérer que l’intelligence artificielle est une avancée, d’autres s’inquiètent des conséquences de son usage dans le monde professionnel.
Chez Mister IA, nous observons ces craintes chez les professionnels, les cadres et les dirigeants que nous formons. Mais même s’il est légitime d’avoir des émotions mitigées vis-à-vis de l’intelligence artificielle, les peurs ne sont pas toujours fondées et peuvent être rapidement dissipées.
Pourquoi l’intelligence artificielle suscite-t-elle autant d’inquiétudes ?
Chaque semaine, les dangers de l’intelligence artificielle font les gros titres dans les médias.
Pour cause, les dirigeants d’Anthropic, de Meta et d’OpenAI multiplient les annonces chocs. Ainsi, en juin 2025, Sam Altman, le PDG d’OpenAI, a déclaré que la superintelligence numérique va conduire à la disparition de classes entières d’emplois2.
Les œuvres de fiction participent également au développement de l’anxiété vis-à-vis de l’IA. En effet, les romans et les films de science-fiction regorgent d’histoires de machines intelligentes qui prennent le contrôle de l’humanité :
- 2001 : L’Odyssée de l’espace de Arthur C. Clarke (également adapté au cinéma) : HAL 9000, l’intelligence artificielle chargée de gérer le vaisseau spatial, se retourne contre l’équipage
- Les Robots de Isaac Asimov : ce recueil de nouvelles montre comment les IA peuvent manipuler et contrôler l’humanité
- Terminator de James Cameron : une intelligence artificielle prendre conscience d’elle-même et lance une guerre d’extermination contre les humains à l’aide de robots
- Matrix de Lana et Lilly Wachowski : ce film au succès planétaire évoque l’exploitation des humains par des machines intelligentes
IA anxiété : définition
Le sentiment de crainte et d’angoisse causé par les conséquences de la diffusion de l'intelligence artificielle dans la société.
La peur de perdre son emploi
En France, 48% des salariés expriment des craintes similaires selon une étude BVA 2024, tandis qu'aux États-Unis, 52 % des travailleurs sont inquiets de la place que prend l'intelligence artificielle et 32 % vont même jusqu'à penser qu'ils auront moins d'opportunités d'emploi dans les prochaines années.
Le stress lié à l'anticipation des impacts sociaux négatifs prend le dessus sur l'excitation de la nouveauté.

La crainte de perdre son emploi est légitime car l’IA permet d’automatiser des tâches qui étaient jusqu’à présent la responsabilité des humains :
- Génération automatique de compte-rendu de réunion
- Réponse automatisée du service client à l’aide d’un chatbot
- Production de textes, visuels et vidéos
- Traduction multilingue
- Sous-titrage automatique des vidéos
- Pré-sélection de candidats dans un processus de recrutement
Pourtant, les experts de l'OIT - Organisation Internationale du Travail (ILO: International Labour Organization) - s’accordent à dire que l’IA ne va pas détruire des emplois mais plutôt transformer le monde du travail. En effet, l’IA sert surtout à améliorer la productivité des employés et des cadres en les déchargeant de tâches pouvant être automatisées.
Le rapport de mai 2025 de l'OIT "Intelligence artificielle générative et emploi : révision 2025" met en lumière l'intérêt de l'IA pour les employés :
"Les résultats indiquent que le plus fort impact de l’IA générative sur les professions est la transformation du travail. L’intégration de l’IA générative dans le cadre du travail implique des changements dans les fonctions professionnelles, avec des répercussions qui peuvent s’avérer considérables sur la qualité de l’emploi."
Source : Organization Internationale du Travail, mai 2025
Le développement de l’intelligence artificielle participe également à la création de nouveaux métiers comme c’est le cas à chaque révolution technologique :
- Prompt engineer (conception d'instructions pour l'IA)
- AI trainer (entraînement des modèles)
- Data scientist spécialisé IA
- Consultant en cybersécurité spécialisé en IA
- Consultant en transformation digitale IA
- Expert en intégration d'IA en entreprise
Selon LinkedIn, ces métiers ont connu une croissance de 76% en 2024.
Ainsi, lorsque l’usage d’Internet s’est démocratisé dans le monde du travail, certains métiers ont disparu (dactylographe, télégraphiste), d’autres ont évolué (journaliste, formateur, recruteur, agent immobilier). Il en a été de même lors de l'adoption des ordinateurs par les entreprises.
Le sentiment d’être dépassé
Toujours aux États-Unis, 33 % des professionnels se disent dépassé par l’intelligence artificielle. La façon dont l’IA est dépeinte dans les médias participe au développement de ce sentiment d’obsolescence. L’impression qu’il faut être un expert pour se servir de ces outils accentue le décalage entre ceux qui utilisent l'IA et ceux qui se demandent ce qu'ils y gagneraient.
Dirigeant d'entreprise ? Contactez nous pour vos questions d'intégration de l'IA dans votre organisation. Mister IA est une agence de conseil spécialisée en intelligence artificielle générative.
En réalité, l’IA peut favoriser la réduction de la fracture numérique. L’utilisation du langage naturel dans les outils facilite son adoption par toutes les générations. Les personnes les moins à l'aise avec l'innovation technologique trouvent même du plaisir à utiliser les outils généralistes comme ChatGPT. Il leur suffit d'écrire ou de parler à l'application pour obtenir l'information recherchée ou des réponses à des questions complexes.
Du côté des outils créatifs, un simple prompt sur Midjourney ou Flux permet de générer des visuels de qualité que seuls les graphistes professionnels pouvaient prétendre réaliser auparavant.
La menace de la désinformation
Pour certains professionnels, IA rime avec désinformation et arnaque.
En cause ? Le deepfake, cet enregistrement audio ou vidéo réalisé ou modifié grâce à l’intelligence artificielle dans le but de désinformer. Largement utilisé pour diffuser des fausses informations, le deepfake est également à l’origine d’arnaques de grande ampleur.
Ainsi, en 2024, des escrocs ont réalisé un deepfake pour subtiliser 26 millions de dollars à une multinationale basée à Hong Kong : un employé a transféré l’argent sur un compte bancaire à la demande d’un individu qu’il pensait être un cadre supérieur de la société.
Détecter les faux contenus est un enjeu majeur pour les entreprises d'aujourd'hui.
Pensez aux solutions préventives :
- vérification par double canal (appel téléphonique pour confirmer les demandes importantes)
- formation à la reconnaissance des signaux d'alerte (qualité audio/vidéo suspecte, demandes urgentes inhabituelles)
- mise en place de protocoles de validation pour les transferts financiers
La dépendance à l’IA
Les outils d’intelligence artificielle sont de plus en plus utilisés dans le monde du travail : ChatGPT pour rédiger des emails, Midjourney pour créer des visuels ou encore Noota pour générer des comptes rendus de réunion.
Certains professionnels craignent de devenir dépendants à ces outils et préfèrent donc ne pas les utiliser. Pourtant, il est possible d’en faire bon usage, par exemple en les utilisant pour gagner du temps, monter en expertise ou en les utilisant comme tuteurs interactifs pour découvrir de nouveaux sujets. Il est important de traiter IA pour ce qu’elle est vraiment : un assistant. Cette approche permet de conserver, voire de développer son esprit critique.
D’autres personnes perdent en autonomie à force de se reposer sur des outils. Cela traduit surtout un manque de confiance en leurs capacités, car ils ont l’impression que les outils vont forcément faire mieux qu’eux. Le fatalisme de ce comportement peut entraîner, à terme, un scénario auto-réalisateur. Ne pas utiliser l'IA, c'est s'éloigner des compétences requises sur le marché du travail alors que d'autres se forment pour se les approprier et améliorer leur CV.
La perte de contrôle
Enfin, le développement exponentiel de l’IA peut aussi créer un sentiment de perte de contrôle : la technologie va trop vite et va forcément nous échapper à un moment ou à un autre. Après tout, c’est ce que l’on voit dans les films de science-fiction et dans les romans d’anticipation. Le flou réglementaire n’arrange rien car il fait craindre de potentielles dérives que les états ne contrôlent pas.
Se former pour dépasser ses peurs
Si les professionnels ont autant peur, c’est surtout qu’ils ne sont pas assez formés sur le sujet.
Un récent sondage5 a ainsi révélé que 59 % des travailleurs français ne sont pas du tout formés à l'intelligence artificielle. 62 % considèrent que leur employeur ne leur a pas donné les moyens d'implémenter efficacement l'IA dans leur quotidien.
- Commencer par les bases : Tester ChatGPT ou Claude pendant 30 minutes par jour sur des tâches simples (résumé d'emails, brainstorming)
- Identifier ses cas d'usage : Lister 3 tâches répétitives de son quotidien professionnel
- Expérimenter progressivement : Utiliser l'IA comme assistant, jamais en remplacement total
- Se former en continu : Suivre l'actualité IA via des newsletters spécialisées
- Partager avec ses pairs : Créer un groupe de discussion interne sur les bonnes pratiques

Au mieux, ils passent à côté du potentiel de l’IA.
Au pire, ils la rejettent, de crainte qu’elle leur vole leur travail ou les rendent dépendants.
Dans les deux cas, ces personnes prenent le risque de ne pas avoir les compétences recherchées par les employeurs à l'avenir.
L’IA transforme en profondeur le monde du travail. Même les métiers les plus impactés par l'IA ne sont pas voués à disparaître. Par contre, ils vont forcément évoluer. Par exemple, les ressources humaines vont de plus en plus s’appuyer sur l’intelligence artificielle. Cette dernière déchargera les professionnels des RH de certaines tâches, chronophages et répétitives, comme le tri des CV, la rédaction des annonces d’emploi ou encore la planification des entretiens d’embauche, et leur libèrera du temps pour des missions à plus forte valeur ajoutée pour lesquelles ils sont irremplaçables : les relations humaines au travail.
En résumé
Les craintes autour de l'IA sont naturelles mais souvent disproportionnées. La clé : se former progressivement, expérimenter dans un cadre sécurisé et garder à l'esprit que l'IA reste un outil d'assistance. Les entreprises qui accompagnent leurs collaborateurs dans cette transition ont un avantage concurrentiel décisif.
Sources :
1 Les Echos - Comment les cadres perçoivent l'IA au travail
2 Sam Altman - The Gentle Singularity
4 Pew Research - U.S. workers worried about AI
5 Les Echos - Formation IA des travailleurs